Copains de jamais...
Tu avais deux ans de moins que moi, mais depuis longtemps je t'avais remarquée.
A 15 ans, tu étais magnifique et dans la cour du lycée nos regards se croisaient souvent et vite se détournaient...
J'étais plus qu'intimidé.
L'étais-tu aussi, ou avais-je rêvé ?
Cette situation devenait oppressante, me faisait perdre tous mes moyens dès que je t'apercevais, sans que nous nous approchions à moins de 20 m l'un de l'autre (âge différent, autres classes, autres amis...)
Je sentais ce regard, le recherchait, et immanquablement le trouvait, quand bien même tu étais de l'autre côté de la cour, ou à l'abri d'une fenêtre...
Cependant, j'eus un jour la possibilité d'être face-à-face avec toi, mais pas seul...
Et bien évidemment, je n'ai pas pu sortir quelque chose d'intelligent...
J'étais tout simplement incapable de faire face à cette jolie gamine, simple, souriante, dont les parents avaient bien plus les moyens que les miens, et qui semblait promise à un superbe avenir...
Avec le recul, il est facile de se dire qu'il aurait suffi juste de l'inviter à boire un verre, aller au ciné...mais j'étais comme paralysé.
Timidité, manque de confiance, aucune habitude de faire le premier pas (ceci est venu beaucoup plus tard, et comme vous le constatez dans ces histoires, uniquement dans certaines conditions...)
Peu de temps après, d'autres rencontres m'ont fait un gagner (un peu) de confiance et m'ont surtout (trop) monopolisé le coeur et l'esprit...je suis donc passé à autre chose, mais je garde encore cette non-histoire tout au fond de moi comme un symbole de cette satanée adolescence où timidité et manque de confiance en soi font manquer tellement de choses...même si au final c'est peut-être cela qui construit une personnalité...
Je t'ai revue 2-3 fois, par hasard, quelques années plus tard. Comme je le prévoyais tu étais devenue une jeune femme superbe mais toujours simple...
On a échangé quelques mots, sans soucis, mais sans jamais revenir sur ce passé, dont je ne saurais jamais vraiment la clé.
Il se trouve que j'ai trouvé de tes nouvelles sur internet...tu es mariée, tu habites toujours près de chez tes parents, tu as une ribambelle d'enfants dont tu t'occupes en tant que mère au foyer assumée...et surtout les quelques photos montrent que tu n'as rien perdu de ta beauté fraiche et simple...
Franchement, je ne t'aurais pas imaginé un tel avenir, je t'aurais vue partir loin, avoir un super job, mais ces quelqeus photos montrent que tu es heureuse, et j'en suis sincèrement ravi...si ce n'était ce petit pincement au coeur...si j'avais su saisir ma chance en ce soir de mars 198x...